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21 décembre 2010 2 21 /12 /décembre /2010 11:51

 

A notre retour au couvent...

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Marie-Jeanne nous murmura… que le dîner était servi à 19h00, à partager au milieu des pèlerins du jour… Comme nous étions gâtés ! Véritable « soirée bénie », illuminée des grâces du Seigneur et de la procession aux flambeaux à laquelle nous participions. Chapelet, sous le ciel étoilé, aux portes de l’église de l’Annonciation, à la suite de Marie, en tête, à qui nous confions toutes nos, vos précieuses et douloureuses intentions.

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Nous quittions les sœurs de Nazareth et toute leur équipe, le cœur plein de cette chaleur humaine, malgré la fraîcheur apportée par la pluie, tant attendue en ce pays de sécheresse ! Les prières de la veille avaient eu leurs effets : toute l’Eglise avait invité les croyants à s’unir pour cette intention !

 

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Pour clôturer notre séjour à Nazareth, nous retournions « voir » Charles de Foucauld pour nous remettre entre les bras du Seigneur… Dans ce lieu caché vivaient trois prêtres et un novice. Une petite chambre pouvait être mise à notre disposition si nous le voulions…

 

« Père, je m’abandonne à Toi…

Pourvu que Ta volonté se fasse en moi et en toutes Tes créatures… »

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Nous faisions donc retraite un jour et demi, dans le silence du recueillement. Pour le nourrir, le mardi 7 au soir, des vêpres œcuméniques étaient priées. Autour du Patriarche de Nazareth et du fondateur de la Communauté du Chemin Neuf, Laurent Fabre, les chrétiens se réunissaient spécialement pour l’unité, en communion avec la fête de la Lumière. Comme à l’image de cette ville, Marie était figure de convergence et de rayonnement.

 

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Après ces quelques jours à l’école de Jésus le Nazaréen, nous reprenions une route vallonnée, sous le ciel embrassant un doux soleil anormalement chaud de décembre. Une dernière « ligne droite », qui n’avait rien ni de ligne, ni de droite, nous attendait jusqu’à la ville sainte.


« Jérusalem ! Les montagnes l’entourent, ainsi Yahvé entoure son peuple dès maintenant et pour toujours ! » (Ps 124)


Les kilomètres se jalonnaient en fonction de notre fatigue, du soleil disparaissant de plus en plus tôt et surtout des éventuels possibles pour nos haltes de nuit. En effet, ce morceau de route nous offrait un autre confort, celui de notre campement.


« Là-haut, pour le soleil il dressa une tente, et lui, comme un époux… se réjouit, vaillant » (Ps 18).

 

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Tel était l’état de cœur et d’allégresse de William ! Trouver un endroit en retrait, à l’abri de tout regard, souvent moyennant quelques efforts supplémentaires pour installer notre toile. Ce premier soir, malgré l’étude approfondie du terrain, nous dégustions la proximité d’un camp militaire qui se mit à faire ses tirs alors que la nuit tombait.


Au matin du 9 décembre, malgré un sommeil scabreux, la bonne humeur trouva sa place : le soleil pointait en cette date du troisième mois où nous nous étions fiancés. William, dans la respiration de sa quête intérieure, de s’écrier alors vers le Seigneur : « Envoie-moi un message clair, aujourd’hui ! »


Midi était à peine passé. Nous traversions Baqa Al Ghabbiyya, une des rares villes sur la route. William stoppa soudait net devant un « kebabier ». Sans aucune faim encore, je me doutais que la suite n’offrirait certainement guère de possible de nous restaurer et le suivis.

 

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Bon accueil de notre commerçant, Wassim, qui nous invita à nous régaler, attestant que les salades étaient « free » à volonté. Mais impossible de savoir le prix, tout simplement « on verra après »… Nous commencions à échanger avec lui, plaisanter, nous renseigner… autour de ce petit lunch qui nous ouvrit l’appétit.

 

Alors que je lui demandai la facture, il me répliqua simplement : « je vous invite » ! Cela était tellement époustouflant, que je ne fus pas certaine de bien comprendre… Mais si… Et si cela n’était pas un signe clair pour mon homme qui en quémandait un, le Seigneur le prenait là « au mot » ou plutôt « à l’acte d’amour pur » ! Et nous ne pouvions que Lui rendre grâce !

 Inutile de vous dire que nous renfourchions nos vélos, le cœur plein d’élan malgré la côte qui nous attendait.

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Une deuxième nuit, puis une troisième sous la tente, avec cette fois-ci une prévision de tempête. On établit notre petit campement, renforçant sardines et double-toi. Le vent s’était levé et nous avions droit à quelques averses. Cette pluie était sablonneuse couleur ocre désert. Les menaces sévissant au lendemain, nous décidions de rester postés la journée dans ce petit coin de forêt à la « Merlin l’enchanteur ».


Mais en fin de journée, une réalité toute concrète nous préoccupa : aurions-nous suffisamment d’eau ? William partit à la recherche de la source indiquée sur le gps, en contrebas. La sécheresse qui sévissait depuis 8 mois n’apporta rien, évidemment. Ahh, facile d’ouvrir le robinet quand on est « home, sweet home ».

 

Soit nous restreindre, sans tisane du soir pour nous réchauffer alors que les températures avaient chuté, soit… recueillir l’eau de pluie et la filtrer… Les ondées étaient cependant éparses et moins fortes. Tout à coup, sans doute le Seigneur entendit-il la demande de William, une grosse averse arriva pour remplir notre bassine ! Eau certes bien poussiéreuse… mais filtrée deux fois, purifiée au micropur, nous tentions ce don du ciel.

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Le magnifique feu de mon homme vint réchauffer notre début de soirée. Quelques bruits de sabots nous assurèrent que nous n’étions pas seuls. Au petit matin, malgré les premiers rayons de soleil qui nous donnèrent toute l’énergie pour nous remettre en route, la cadence préparation-rangement fut accélérée par le ciel qui s’obscurcit peu à peu. En fait, à la sortie de la forêt, le vent s’était levé, menaçant, ne laissant qu’entrevoir un ciel couleur sable, bouché à des kilomètres à la ronde. Mais nous y étions… nous décidions de continuer, malgré le danger, les rafales de vent à plus de 100 km/h par moment.


Nous n’avions qu’un seul but et encouragement de la journée : atteindre le monastère des trappistes de Latroun, à 30 kilomètres de là… Le vent violent, de face ou, pire encore, de profil, faisait chanceler nos bicyclettes.

 

Heureusement que la bande d’arrêt d’urgence sur laquelle nous roulions était large… car oui, nous étions sur l’autoroute, avec l’accord de la police pour la circulation des deux roues sur cette voie.


Avions-nous jamais autant désiré atteindre notre objectif ? L’épuisement, la tension dans nos bras surtout pour maîtriser nos guidons nous demandaient de redoubler de force, de vigilance. Et par-dessus tout, du faux plat ou des montées… Puis, enfin, un panneau : « Exit Latrun » et, quelques petits -mais interminables- kilomètres plus loin, un clocher…


Nous remontions une allée pour arriver par l’exploitation agricole des frères. Mauvaise entrée, mais bonne miséricorde de Dieu ! A l’arrière du monastère, juste à ce moment-là, un trappiste, frère Louis, sortit, nous fit comprendre que ce n’était pas l’accès tout public, mais, gentiment nous ouvrit les portails pour nous permettre d’atteindre sans détour l’hôtellerie…

 

Frère Antoine, lui aussi d’origine libanaise, nous reçut, nous mena à notre chambre, nous fit part des directives de la vie du monastère. Installés, nous n’avions qu’à peine eu le temps de prendre une douche que la tempête éclata… Dieu nous fit cette grâce : être à l’abri, au sec… Oui,

 

« Yahvé te garde de tout mal » (Ps 120). Alléluia !


Avec nous, à l’hôtellerie, trois autres hommes étaient accueillis : Nabil, consacré de la Communauté « Vie Nouvelle » de Nazareth ; Stanislas, de Versailles, étudiant en œnologie pour un stage ; Smaël, d’Erythrée.

Cette première nuit au monastère fut balayée par une valse de vent violent, d’éclairs, de tonnerre et nous apprenions douloureusement que ces intempéries avaient causé la mort de plusieurs personnes…

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L’abbaye offrait bien entendu la possibilité de prier avec les frères. Nous nous mettions presque au rythme des moines… Oui, « presque » car pour les vigiles à 3h15 du matin, il faut « être appelés » ! - Malgré la cloche qui nous y invite fortement ! - Nous avions donc ce cadeau de faire retraite en ce temps de joie de l’Avent, en ce temps de l’attente silencieuse et cachée de Noël, avec « l’exploit » de la messe aux aurores (5h30…) et les offices qui rythmaient nos journées.


« Heureux les habitants de ta maison, ils te louent sans cesse » (Ps 83)


Entre ces moments passés sur le cœur du Seigneur, la tempête ayant laissé son manteau de poussière de sable, le ménage ne manquait pas : refaire toutes les chambres, astiquer les recoins. Plaisir donc de s’improviser en « conchita » pour le Bon Dieu et Ses serviteurs ! Sans parler de la préparation de Noël, toute cachée, loin de toute esbroufe, et encore plus loin des bonnes odeurs de braedele (vous nous en gardez de côté quelques uns ?!)

 

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William et moi partagions nos repas ensemble avec les autres hôtes dans la joie des échanges variés, nous goutions au délice du soleil en nous promenant entre oliviers et vignoble, dont le fruit en était la principale source de revenu des moines.

 

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La petite visite guidée par frère Antoine nous permit de réaliser la grandeur de leur exploitation et nous fit plonger dans le monde démesurément grand des cuves de 100000 litres et des caves sous-terraines où d’innombrables cépages reposaient dans des tonneaux vieux d’un siècle.


Ce « petit frère », accompagné de la tranquille présence du Père François, nous gâtaient bien ! Ils veillaient à ce que nous ne manquions de rien et notre table revêtait un caractère de fête : au cours de notre séjour, nous eûmes droit à la dégustation d’un large panel de leurs vins… Et, aujourd’hui, un clin d’œil, (enfin de bouche !) nous transporta jusqu’en Alsace : un Gewurztraminer, vendanges tardives…


Qu’Il est bon vivre en frères, à la lueur de la quatrième bougie toute vacillante d’amour et de lumière de Celui qui est-avec-nous !!

 

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Ps: "Trappistine"... petit surnom que frère Antoine ne tarda pas à m'attribuer... et oui, bien évidemment, je participais à tous les offices !


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4 décembre 2010 6 04 /12 /décembre /2010 21:40

Direction Izra’a. Le père Elias,...

 

La famille d' Abouna Elias

 

rencontré à l’ordination, avait été prévenu par sœur Andrée de notre passage. La nuit tombait vite. Avant l’embouchure de l’entrée dans la ville, un jet de pierres lancées par des gamins m’assaillit, dont une reçue à l’épaule…

 

L’accueil n’avait pas la même saveur à chaque endroit ! Après de longs kilomètres pour traverser Izra’a qui avait revêtu son manteau de nuit, nous atteignons enfin le quartier chrétien.

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Heureusement que notre Abouna Elias était connu comme le loup blanc en cette terre musulmane ! Une petite Georgette nous conduisit dans la famille du père. Effectivement, la majorité des prêtres grecs catholiques sont mariés. Antoinette, sa femme, était légèrement souffrante. Le père fut empreint de service, plein de bonté, d’attention, à son et notre égard.

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Il était par ailleurs constamment dérangé par la sonnette mais c’était toujours avec le même empressement qu’il allait ouvrir. Un véritable modèle de serviteur. On s’installa, partagea un dîner à la syrienne, puis profitions pour nous coucher tôt, les jours précédents ayant été bien remplis.


La joie de pouvoir célébrer la messe du dimanche en cette église du 4ème siècle fut redoublée de la gentillesse des fidèles. Les invitations ne manquaient pas. Simplement, comme cela, pour le petit déjeuner. Car la tradition est ici encore au jeûne eucharistique.

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Le père Elias dût nous extirper de tant de générosité, ayant un programme pour nous. Il nous offrit son temps pour nous donner l’explication de l’église, des anciennes maisons en pierre de volcan, conservées et en cours de restauration, grâce à l’intérêt qu’il y porte.


Nous entamions à 11h00 le petit déjeuner, copieux à souhait, avant de remettre le couvert à 15h00 pour un poulet grillé au barbecue. Avec tout cela, impossible de maigrir ! Surtout que pour le soir même, sœur Andrée avait prévenu abou Slaïmane, gardien de l’église de Namer à quelques 10 kilomètres d’Izra’a, pour que nous passions la nuit en salle paroissiale.

 

Notre famille Nameroisse

Vous ne pouvez même pas imaginer l’accueil : père, mère, enfants, oncles, cousins… Tout ce monde présent pour nous accueillir, avec thés, gâteaux… et un sans doute effrayant dîner en perspective. Mais heureusement, abou Slaïmane eut la bonne idée de téléphoner à Sœur Andrée. Avec joie nous entendions notre petite sœur et en profitions pour lui donner les directives de désir de diète du soir ! Quelques fruits vinrent nourrir ce bel échange, au milieu de jeunes et de vieux, tout en ébullition de recevoir des Français au fin fond de leur petit village !


A défaut d’une salle paroissiale, la famille nous reçut dans une belle petite chambre. Au soleil levant, le café corsé nous attendait. Abou Slaïmane revint exprès de son travail pour nous faire visiter l’église, sa salle paroissiale (quelle chance nous avions eu !!), son enclos de vaches, de poules.IMGP3668

Puis ce fut l’heure du petit déjeuner… Enfin, non, du grand déjeuner ! Une table royale, comme jamais, avec des ingrédients d’une noble fraîcheur et du « tout fait maison » : omelette d’œufs cherchés une heure auparavant, fromage frais de vache et yaourt, fabrication Nadia, olives et huile de leur propre récolte ! Un régal avant d’enfourcher nos montures pour une dernière halte syrienne, Dara’a, aux portes d’une autre frontière : celle de la Jordanie.


En ce qui nous concerna, nous la traversions sans aucun souci, toujours autant encouragés de moult façons, dont celles des « tafaddal » qui nous invitaient à nous arrêter pour prendre le thé ou autres collations ! Nous arrivions en après-midi à Irbid où nous songions à faire escale pour la nuit : une nuit qui se multiplia en plusieurs ! (Crampes dans les jambes de William, suivies, le lendemain, de violentes crampes dans mon ventre avec diet imposée… Les réalités du voyage !)


Le samedi 27, nous reprenions la route pour une journée « pas comme les autres » ! Un tracé désertique, montagneux  et l’objectif qui soudain approchait à grands tours de roue : la Terre Sainte !

 

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Les derniers kilomètres en Jordanie ne confirmèrent que ce que nous pensions de ce peuple arabe si chaleureux et accueillant : invitation au « tchaï » (thé) et au repas que nous devions malheureusement décliner car impensable pour nous de faire en sens inverse les cols atteints si difficilement même pour un bon « mensef »!

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Ce jour là, les petits soucis matériels firent des rebondissements : juste après une crevaison, le pneu de William éclata, en haut d’une montagne, déserte, sans rechange… Vous imaginez la situation… En temps normal, on aurait peut-être pu s’inquiéter. En temps « spirituel », on abandonna simplement.

Mais il faut dire que dans ces pays, vous n’avez jamais le sentiment d’être seuls ! Une voiture, comme par enchantement, était déjà en contrebas à l’arrêt « juste pour nous ». Effectivement, ils embarquèrent William et le vélo, jusqu’en bas du col, avant le poste de police précédant la frontière.

 

Et moi de me régaler d’une descente, méritée !! Mais, à ce stade et dans cet endroit, rien n’était encore réparé ! Un magasin de vélo ? On pouvait en rêver ! Une solution miracle ? Elle arriva ! Alors que William cherchait à bricoler une « rustine spéciale pneu fabriquée maison », une voiture s’arrêta, nous demanda si nous voulions de l’aide. En quelques instants, le pneu à la main, William monta dans la voiture, sans comprendre si on l’emmenait dans un garage ou ailleurs.

 

Deux enfants me tinrent compagnie, à cette heure où le soleil commençait à se parer de ses couleurs feu ! Un pneu réparé du génie des hommes fit merveilleusement l’affaire.

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Nous continuions la route et traversions le poste de sortie de douane jordanienne. Il était 15h30 environs… La suite nous permit de mettre muscles et patience à l’épreuve ! Il fallait, pour passer la frontière, en plus de payer, prendre un bus. Interdiction d’entrer en Israël en bicyclette…

 

Retour au poste, déchargement des vélos, entassement des bagages dans une soute trop petite et le tout dans un climat de hâte. 16h30, départ du bus, contrôle des passeports. 17h00, arrivée en poste frontière israélienne après avoir parcouru un, voire deux kilomètres seulement. Déchargement, rechargement… pour un nouveau déchargement au crible, cette fois. Les rayons-X ne suffirent pas aux agents de la douane : nos bagages furent gentiment ouverts, déballés. 17h30 : contrôle des passeports… enfin devrais-je dire épluchage d’identification, avec rien que trois agents pour nous ! Jusqu’à 19h00, nous avons eu droit à un véritable interrogatoire : nous, les autres, le passé, le futur… A 19h25, nous récupérions enfin le passeport de William pour nous élancer dans la nuit noire.

 

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Terre Promise… Terre Sainte…

De toutes tes couleurs,

Tu éblouis nos coeurs !


Nos premiers coups de pédale dans le froid et l’ambiance toute spéciale de l’obscurité nous conduisirent jusqu’à la première ville, Beith She’an, où nous cherchions à y loger. L’atmosphère des bords de route semblait en rien égaler celle rencontrée les semaines précédentes… Les klaxons ne nous signifiaient rien d’autre que de nous pousser…

 

Le choix de notre nuit fut tout imposé : une auberge de jeunesse grand standing, sans rien d’autre alentour ! Le petit déjeuner copieux nous incita à préparer un pique-nique pour la route. Nous étions scrupuleusement « épiés » par caméra depuis la réception et un monsieur vint gentiment nous faire part de l’interdiction d’emporter quelque chose à l’extérieur.

 

Dans la grande stupidité de l’homme, ces personnes préféraient donc jeter que de nous laisser prendre notre « dû ». William osa braver cette absurdité, au nom de tant d’injustice et de famine dans le monde, et personne n’osa nous dire quoique ce soit ! ;-))

 

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C’est tout joyeux que nous partions en ce premier dimanche de l’Avent sur les routes de cette Terre Sainte, un soleil écrasant faisant route avec nous ! Notre itinéraire voulait nous permettre de faire une boucle afin d’arriver avant Noël à Jérusalem. Nous nous orientions donc vers le nord, Tabgha en étant le but.

 

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Les paysages étaient de toute splendeur, riches de couleurs vert-palmiers, jaune-paille, ocre-terre, rose-bougainvilliers… Un petit arrêt-repos, certes aussi choisi par l’attrait des arbres aux magnifiques fruits, nous fit nous mettre sur le côté. Un 4X4 s’arrêta avant même que nous eûmes le temps de descendre de notre selle. Ilane nous demanda d’où nous étions… Revenant d’un voyage en France dont il avait été enchanté, il fut ravi d'échanger avec nous. Ilane était le propriétaire de la ferme-kibboutz, en contrebas, et des vergers d’où croulaient ces fameux pamplemousses jaunes ! Il était prêt à tout pour nous aider, nous indiqua même l'entrée de son verger pour que nous nous régalions.

 

Nous étions fort heureux de rencontrer un premier israélien ! Les dons de Dieu étant savoureux, nous prenions notre petite dose de vitamines avant de continuer notre chemin.


Le soleil torride de la journée diminuait très vite après 16h30. La ville de Tibériade était encore à 10 km. Nous approchions de son lac mais impensable d'y camper. De plus, les troubles digestifs de William nous en dissuadèrent. Cela nous valut de nous arrêter dans un endroit coquet où nous découvrions la quiétude et l'émotion de ce lieu en nous rendant au buffet du petit déjeuner.

 

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Le chemin qui nous conduisit jusqu'à Tabgha, lieu du miracle de la multiplication des pains et des poissons, ne fut pas des plus faciles… Le Seigneur était bien en-deçà des monts vallonnés qu'il avait parcourus par amour des âmes errantes et affamées de toutes sortes. Mais la joie d'arriver en ce lieu saint, ravivée par les espoirs d’être accueillis par les frères bénédictins contactés à plusieurs reprises, nous habitait ! Le Bon Dieu avait cependant d'autres plans pour nous…


L'enceinte des bénédictins franchie, nous allions à la recherche des frères. A notre surprise, Fr Zacharias nous dit que les chambres étaient prises et qu'il n'y avait pas moyen de planter notre tente chez eux. Nous n'avions reçu aucune réponse nous mentionnant cela quand pour la dernière fois nous les mailons.

 

Quelque peu désenchantés, mais confiants, nous partions, sous son conseil, vers le portail suivant : les franciscains. Personne ne répondait. Quant aux franciscaines juste à côté… il nous vaut mieux garder le silence et prier… Il ne nous restait plus qu'à trouver un endroit où nous avions la garantie de la sécurité pour notre matériel si nous voulions un minimum visiter et nous laisser pétrir de ces lieux saints dans le temps ouvert à la prière. Cela ne nous laissait nullement la latitude de camper en pleine nature…

 

Nous étions vraisemblablement donc forcés de nous rendre dans l'hôtel des pèlerins, le plus proche. A la réception, le jeune homme nous avoua gentiment que les chambres du Mont des Béatitudes étaient plus abordables financièrement. Nous nous prêtions donc à cette idée mais avant d'entamer l'ascension, nous nous rendions sur les sites bénis, sur lesquels nous ne retournerions pas le lendemain (et pour cause : nos genoux !)

 

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Arrêt donc à la "Primauté de Saint Pierre"… endroit où le Seigneur interpelle son apôtre et Lui demande s'il L'aime à trois reprises; endroit de la fondation de l'Eglise du Christ par Pierre; endroit tenu par les franciscains…

 

La persévérance me poussa à sonner à nouveau. Sans plus de succès. Nous consentions à faire la visite l'un après l'autre pour garder les vélos. William "m'envoya" en premier "au cas où je trouverais un petit frère !" Je n'y pensais même plus. Et d'entrer dans l'enceinte, me diriger vers l'église, croiser un homme avec une scie en main, lui demander s'il était possible de rencontrer un franciscain. Il hésita. Je lui demandais s'il en était et lui exposais notre désir. Il réfléchit et de me répondre dans un léger accent polonais : "J'ai une petite chambre pour vous" !

 

Le ptit frere polonais


Merci Seigneur, merci saint François !! Avec allégresse j'accourus vers William lui annoncer ce "miracle" après toutes ces tentatives ! La "petite" chambre était un véritable petit appartement, vue sur le lac de Tibériade. Dieu fait merveille… ici, en ce lieu, pour nous. Nous pouvions, en plus de vivre spirituellement dans la quiétude de ce lieu, nous reposer avant la suite !

 

Au petit matin de ce 30 novembre, après une messe de l'aurore -qui nous fit méditer sur les guérisons que Jésus avait faites en ces mêmes lieux-, nous pérégrinions au travers des oliviers vers le Mont des Béatitudes.

 

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"Heureux"… Heureux étions-nous d'être là, de méditer Sa Parole, d'être croyants parmi cette multitude de croyants aux visages de toutes les couleurs : tristes, extravertis… du pèlerin esseulé au groupe débordant d'une foi "en pleine effervescence". Nous restions là, dans la respiration de la prière, là, "heureux"…


Notre retour sous le soleil écrasant, par les champs de blé et les oliviers, nous faisait presque oublier que décembre approchait et que nous étions entrés dans le temps de l'Avent. Ici, pas de sur-consommation des yeux, du ventre, du père Noël, du "trop"… Non, rien que l'enfouissement, le "Verbe fait chair", rien qu'un simple ciel éclatant d'un bleu azur, un soleil brûlant, et le dépouillement de cette Terre, Sainte… bien aride, bien à sanctifier encore, comme nos cœurs !


Ce jour de repos fut béni, la route vers Nazareth nous laissant entrevoir quelques longs et difficiles dénivelés !

Au matin du 1er décembre, l'évangile de la multiplication des pains, en ce lieu précisément, me toucha énormément. Dieu voulait sans doute me révéler en profondeur l'intensité présente de Sa Parole, de Son miracle, qu'Il ne cesse de renouveler à qui sait l'accueillir !


Nos vélos prêts, nous allions nous enquérir de trouver la petite communauté pour les saluer. Le jardinier nous invita alors à faire escale chez lui, mais Deir Hanna se trouvait en pleine montagne… D'autres ouvriers de l'enceinte nous proposèrent de nous conduire chez eux, jusqu'à Nazareth, leur véhicule permettant de mettre homme, femme et chargement à l'arrière.

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La réflexion ne fut pas longue… (peut-être dût-elle l'être un peu plus cependant !!!) Mais, aussi dures qu'apparaissaient les courbes de dénivelés des cartes, nous avions à cœur de vivre pleinement ce temps, en ce lieu… sur les pas et avec notre Seigneur, pour Sa gloire, et le salut du monde !

 

Notre compteur affichait à peine quelques kilomètres, que nous nous remémorions déjà, avec beaucoup d'ironie et d'abandon, l'offre déclinée si rapidement… Mais n'était-ce pas le désir qui comptait ! Alors, nous avancions, lentement… 4, parfois 5 kilomètres/heure, tant était abrupte la montée… les montées…

 

Certes, après -280 mètres sous le niveau de la mer, il fallait rattraper les 500 et plus ! Pour couronner le "tout", un petit vent de face, et la cerise d'une xième crevaison (sans le gâteau !) pour le vélo de William…

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Mais la Galilée nous "appartenait" ! Des étendues arides, parsemées d'oliviers, de monts jonchés de villages, que Marie avait dû emprunter pour visiter sa cousine, que le Christ avait foulées pour se faire Amour…


Dans cette atmosphère, nous désirions trouver un petit coin pour planter notre tente. Cela n'était pas gagné ! A la sortie d'une descente, alors que le soleil déclinait, nous tombions directement sur l'autoroute nous menant à Nazareth. Guère de choix sinon celui d'avancer jusqu'à la première ville.

 

Une petite forêt nous faisait de l'autre côté de la route un joli "pied de nez", mais pas moyen de traverser pour l'atteindre. Et soudain, une bifurcation possible ! Nous empruntions avec joie un petit chemin de terre, avant de nous engouffrer dans les oliviers. Le soleil couchant nous laissa juste le temps de nous installer. La nuit nous enveloppa de son humidité et de sa fraîcheur, mais quel régal, en ce 1er décembre de vivre cela !

 

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La journée qui suivit ne fut pas la plus facile… Je devrais plutôt dire qu'elle fut une des plus difficiles depuis notre départ ! Nous remettions dans nos genoux un tracé de 600 mètres de dénivelés… Jésus, comme il faut t'aimer ! Et pourtant je sais si peu t'aimer !! Alors, oui, ce pèlerinage "extérieur" trouvait toute sa place en mon "intérieur"… à purifier, à polir, et surtout à laisser faire !

 

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L'arrivée vers Nazareth était interminable… Les derniers kilomètres nous semblèrent démesurément longs… Mais il faut peut-être ce détachement, aidé par notre épuisement, pour plonger dans "la vie cachée" de ce lieu…

 

Après avoir tenté plusieurs communautés, nous trouvions enfin refuge chez les Sœurs de Nazareth, dont la formule "dortoir" nous convint à merveille ! Les centres d'accueil de pèlerins affichaient pour bon nombre "complet".

 

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Nous avions par ailleurs la chance d'être juste en face de l'église de l'Annonciation… où nous furent très vite attirés pour nous y recueillir en ce jeudi soir. Quelle ne fut pas notre joie de découvrir qu'un temps d'adoration était proposé ! Notre programme de soirée était tout vu et tout cadeau ! Clin-Dieu pour notre arrivée !


Le repos s'imposa ce vendredi 3, fête de saint François-Xavier… Le réveil n'eut cependant pas besoin de sonner pour me tirer du lit : à 6h30, je traversais dans une immense joie la rue, pour "m'ensevelir" dans la basilique avec toute l'Eglise pétrie du mystère de l'Annonciation et prier avec mon "petit Père Durrwell".

 

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Si William fut confiné à rester au repos total, lié à la douleur persistante de ses genoux, malgré ma chute dans les escaliers glissants du Couvent, je fis une petite "tournée" spirituelle des lieux. Charles de Foulcaud m'invita à sonner auprès de ses petits frères pour m'y recueillir.

 

Moment intense, soutenu par l'accueil chaleureux d'un des trois Pères. Je me renseignais alors pour les horaires de messe et pour savoir s'ils accueillaient éventuellement.

 

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A mon retour, je discutais longuement avec Marie-Jeanne, jeune femme de la réception, qui s'ouvrit intimement à moi dans sa souffrance de ne pas pouvoir avoir d'enfant. Elle avait été au courant de ma chute et me suggéra de rester au repos encore un jour, vu le trajet vers Jérusalem… En toute simplicité, je lui avouais que le désir ne manquait pas mais que le budget se serrait. De me répondre alors : "C'est bientôt Noël, ce sera ma façon à moi de vous faire un cadeau !" Quand le Seigneur vous prend au tournant, l'émotion peut être très forte ! Nous acceptions cette inouï de Dieu, de Marie-Jeanne, le cœur rempli de joie !

 

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Le lendemain matin, je participais à la messe en italien célébrée chez les Pères de Charles de Foucauld. A mon retour, j'extirpais William de son sommeil pour lui "offrir" un petit déjeuner de roi. Un couvert, mis à notre intention par Marie-Jeanne, nous attendait en salle à manger ! Comme il est bon de vivre en frères avec Toi, mon Dieu !


Cette journée offerte fut véritablement cadeau : elle nous permit de mettre à jour notre blog… (et oui, on l'attend avec hâte ce moment à partager avec vous !) et d'être pèlerins tous les deux, à travers les ruelles de Nazareth. Mais tout d'abord visite privée, guidée par une sœur, des fondations du couvent dans lequel nous vivions : une maison du 1er siècle, une basilique de l'ère byzantine, une citerne et un tombeau hérodien, supposé être celui "du juste" -dont l'hypothèse reste largement ouverte !- Puis nous arpentions les ruelles jusqu'à la vieille église orthodoxe de l'Annonciation. Pour finir notre marche spirituelle, nous passions un moment au côté de Charles de Foucauld. A notre retour au couvent, Marie-Jeanne nous murmura...

 

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25 novembre 2010 4 25 /11 /novembre /2010 16:27

 

Après cette nuit, nous étions…

 

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...doublement heureux : l’étape suivante était jalonnée par notre bon évêque de Damas, et, de plus, chez des sœurs !


Sur notre route, encore très chaude en cette mi-novembre, une voiture s’arrêta soudain. Deux hommes en sortirent, nous tendirent un beau calendrier… chrétien ! Simplement « comme cela » ! Par ailleurs, les klaxons, les « hello », les « welcome »  ou les « ahlan wa sahlan » en arabe ne cessaient pas de toutes parts. Enfin, la bifurcation de Khabab fut indiquée. Nous étions pleinement confiants, sans même savoir les possibles qui pouvaient se présenter !

 

Ange Soeur Andrée

Un clocher pointait au loin. La basilique sainte Rita était indiquée. Nous nous y élancions,  en quête des sœurs de Besançon, dont Sœur Andrée, nommée affectueusement par l’évêque maronite de Damas. Je laissais quelques minutes William pour prospecter autour de l’église.

En revenant à ses côtés, une myriade de jeunes essayait d’échanger par tous les moyens. Une chose était sûre : Sœur Andrée ou non, nous étions déjà invités et pas laissés pour compte dans ce village uniquement catholique.

 

Syrie, Syrie… comme tes cœurs sont colorés,

et sur ta palette chrétienne, le mélange reflète le doré !

 

Le message du Christ adressé à Myrna le 10 avril 2004 n’était-il pas telle la source de cette irradiation d’amour que nous vivions ?  http://www.soufanieh.com

 

« Portez l’Orient dans vos cœurs. D’ici a jailli à nouveau une lumière dont vous êtes le rayonnement pour un monde séduit par le matérialisme, la sensualité, la célébrité au point qu’il en a presque perdu les valeurs. Quant à vous, préservez votre authenticité orientale. Ne permettez pas que l’on vous aliène votre volonté, votre liberté et votre foi dans cet Orient. »


Oui, nous avons rencontré une grande liberté dans l’amour, une immense foi en Dieu !


Les choses se mirent donc en place, tout simplement. On nous conduisit chez Tarek et sa maman, voisins de l’église, qui connaissaient les sœurs. S’ils nous reçurent avec thé, fruits et chaleur, nous les quittions avec un pyjama, un chapelet et des sets de tables… Inouïe, dérangeante même que cette générosité débordante.

Tarek nous emmena ensuite à l’autre bout du village, sur les « hauteurs ».

 

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Le toit de la maison des sœurs dépassait effectivement tous les autres. A l’entrée du couvent, Tarek nous quitta. Mais le relais fut vite assuré ! Deux jeunes nous précédèrent et allèrent sonner à la porte. Personne. Un double, triple coup de sonnette, puis, sans attendre, ils nous proposèrent d’aller jusqu’à l’évêché en face. Une sœur nous ouvrit et nous renseigna. Il fallait nous rendre à la basilique…

 

Nous en revenions. Un kilomètre et demi dans un sens, puis dans l’autre puis on recommence. Effectivement. Sœur Andrée ne s’y trouvait pas. Nous retentions l’évêché. Comme le « téléphone arabe » fonctionne plutôt bien et que tout le monde est serviable, on nous assura que « notre » sœur venait de rentrer. Effectivement, la voiture arrivait dans la cour en même temps que nous…


Nous rencontrions alors un bout de femme illuminée comme un rayon de soleil : sœur Andrée, enfin ! Ses deux sœurs de communauté étaient absentes, mais au nom de Mgr Nassar, elle nous ouvrit spontanément et de sa folle générosité sa porte, son cœur, sa conscience aux choses réelles : si nous avions soif, faim, besoin de faire une lessive. Il était presque 17h00 et il est vrai que le petit déjeuner était loin, que nos vêtements apprécieraient un lavage en profondeur. Pour jouir encore plus de cette rencontre, il s’avérait que sœur Andrée, d’origine libanaise, parlait un français courant !

 

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Nous nous affairions alors à nous installer, à préparer ensemble le repas. Après le bénédicité qu’elle me demanda d’entonner, la soirée fut vite improvisée. Elle voulait qu’on lui chante et enregistre un CD pour ses petits protégés du catéchisme. Nous allions ensemble à la chapelle. Ses « précieux bras droits » ne tardèrent pas à nous rejoindre : David et Johnny, deux jeunes catéchistes de 20 ans passés.


Ravie de notre présence à ses côtés, Sœur Andrée nous concocta rapidement le programme de la journée du lendemain. Elle était invitée à l’ordination diaconale de Manshour à 15h00 et souhaitait que nous l’accompagnions. En ce qui concernait le matin, Johnny se proposa de nous faire la visite de la vieille église et de son village.

 

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« Chantez à Yahvé un chant nouveau, car il a fait des merveilles ! » (Ps. 97)


Après le petit déjeuner avec knefle à la libanaise, partagé avec Johnny, nous allions à travers les rues de Khabab, village de quelques 7000 âmes. Chacune d’elle devait sans doute déjà être au courant de la venue de deux Français… Et comme la tradition orientale le veut, chaque personne croisée nous invitait à boire le café.

 

« Heureusement », nous nous contentions du gardien des clés de l’église et de la famille de Johnny.


Non des moindres, je vous l’assure, car je n’ai pu dénombrer la quantité d’oncles, de tantes, de cousins, de… Après le tour dans le vieux village qui nous mena jusqu’à l’église, nous allions  visiter son oncle et sa famille rejoint par les parents de Johnny… qu’il fallut également honorer !

 

Heureusement, leur maison était voisine. Un échange plein de simplicité et d’intelligence se créa de suite. L’heure avançait et un coup de téléphone de sœur Andrée nous rappela qu’il était temps de la retrouver pour la messe d’ordination. En toute amitié, les parents de Johnny nous invitèrent à passer la journée du lendemain ensemble. La réponse sortit aussitôt du cœur et des lèvres de William… et cela ne devait pas être pour nous déplaire !

 

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Après la messe célébrée par Mgr Boulos Borkhoch, les félicitations présentées à Manshour, nous nous retrouvions à l’évêché pour le dîner au milieu de tous les prêtres et sœurs. Un petit homme en taille, tout en grandeur de simplicité et d’humilité, travaillant la terre, plus serviteur que serviteur ! Tel était cet évêque, du haut de ses 80 années.(Surnommé "l'évêque vert")


A notre retour chez sœur Andrée, nous nous mettions à la tâche de notre « mission » : lui confectionner un beau CD avec vidéo des chants qu’elle avait sélectionnés. Mon homme y passa toute la soirée et une partie du lendemain matin. Un matin ouvert par la joie de la célébration eucharistique présidée par Mgr Boulos, et poursuivit par le petit déjeuner en sa présence. Puis, place au ménage, arrosage, partage, jusqu’à ce que notre Johnny vienne nous kidnapper de cette adorable sœur ! Les au-revoir  furent remplis d’émotion…


« Illa’l amam », toujours en avant, avec la confiance en Dieu !

 

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Nous traversions le village, un nouveau « petit frère » à nos côtés. Johnny était un garçon d’une belle pureté de cœur, intelligent, et pour la cerise sur le gâteau, il étudiait le français depuis 4 ans. Notre arrivée dans sa famille fut pétrie de chaleur humaine ! Ils nous demandèrent si nous avions visité Maalula, Georgette étant née dans ce village qui faisait toute leur fierté. Ce fameux Maalula nous poursuivait décidément ! En deux temps trois mouvements, ils nous proposèrent de nous y emmener le lendemain. Nous n’avions qu’à annuler la prochaine famille proposée par Sœur Andrée pour notre escale suivante.


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Le soir-même, la famille s’agrandit de celle d’un des oncles, Samir, de passage à Khabab pour un mariage. Ayant eu des échos de nos petites prestations de chants et comme les enfants étaient musiciens, nous passions ensemble une soirée plutôt insolite. Après un melting pot  de chants arabo-anglais-français, la discussion évolua dans le domaine de la thérapie. Le parcours professionnel de William interpellait, et comme Samir était en grande souffrance, il s’ouvrit en toute transparence. Ce moment fort de confidence, de larmes, fut achevé par un magnifique dîner à l’oriental avec houmos, aubergines farcies aux noix, fromages, halva au beurre…

 

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Ce vendredi, Johnny vint nous réveiller de bon matin.

Maalula… Nous en étions désormais à quelques 120 kilomètres… Mais ce nom n’était-il pas revenu trop souvent pour que nous passions encore à côté ! Et cette fois-ci, la proposition n’avait pas été anodine : nous y allions avec notre guide « maalulienne », Georgette, notre traducteur, Johnny et notre chauffeur, son cousin, Jack.

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Maalula, au nord de Damas, village construit dans la roche où la langue du Christ est toujours parlée. Nous avons d’ailleurs eu la chance d’entendre le Notre Père en araméen. Dans le couvent des saints Serge et Bacchus, au fond d’une magnifique petite église, le premier autel païen (daté d’avant l’ère chrétienne, sur lequel on devine encore les traces de couteau des sacrifices et sous lequel une ouverture laissait s’écouler le sang des animaux) est conservé. Une autre particularité repose dans le deuxième couvent, celui de sainte Thécla : une icône d’où suinte de l’huile.

 

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Après ce clin d’œil spirituel, nous allions gambader sur les hauteurs de Maalula à travers les vestiges d’un village dont les grottes servaient d’habitation.

 

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Puis au milieu d’un labyrinthe de ruelles ce fut la tournée de la famille de Georgette, associée à la tournée gastronomique : taboulé chez la cousine, plat typique chez la tante, et café-petits gâteaux chez la maman… Nous ne manquions pas, avant notre retour, d’aller visiter le vieil oncle, buriné par le travail, qui vivait bien simplement, isolé, tel un ermite, dans sa ferme


 

La dernière soirée avec notre petite « famille » syrienne fut un réel plaisir de partage et les quitter le lendemain fut chose émouvante. Inutile de vous dire qu’ils nous sommaient de revenir pour de plus longues vacances ! Après un repas de rois avec taboulé, kibbeh et frites, ils nous accompagnèrent jusqu’à l’entrée de l’autoroute.

Direction Izra’a où le père Elias...

 

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15 novembre 2010 1 15 /11 /novembre /2010 14:30

 

 

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Les quelques 7 heures prévues pour nous emmener à notre destination se transformèrent en une aventure !

Et pour cause ! Premiers contacts avec l’administration syrienne pour l’obtention de nos visas. Heureusement qu’Omar, un des chauffeurs du bus, nous accompagna pour les transactions. Après les formalités normales (quoique difficile d’inventer le nom d’un hôtel où nous ne savions pas encore où nous allions dormir en arrivant), l’attente normale, les choses se « corsèrent ».

Notre Omar passait d’un bureau à l’autre, était envoyé d’un agent à l’autre… et commença à « s’échauffer ».

Un gradé intervint alors, tout sourire à notre égard. Tout d’un coup, nos tampons étaient enfin apposés et ce monsieur nous salua bien courtoisement. Nous rejoignions notre bus et tout son équipage qui avait patienté plus d’une heure et demi, pour et avec nous !


La bonne humeur fut de la partie en cette longue fin de voyage, le rire universel de mon William aidant ! S’il ne parlait guère l’anglais, son rire lui donnait la réplique à toutes les discussions de toutes les langues du monde !

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Puis, enfin… Marhaba Damas ! 19h30, nuit noire… Il nous fallait effectivement trouver un hôtel ! Les nuits blanches à notre âge, le dos tassé, les pieds gonflés et les fesses endolories par tous ces kilomètres, nous aspirions à trouver un endroit rapidement !

Nous nous élancions à l’aveuglette, nous retrouvions  sur une grande, trop grande route, et de plus à l’opposé du centre ville. Après quelques kilomètres et « appels au secours »,  la ville nous ouvrait ses portes. Un agent de police en moto nous escorta jusqu’à un rond point pour nous guider sur la bonne voie.

Arrivés au square centralisant nombreux hôtels, je partais à la chasse du « meilleur marché »… Descendant bredouille d’un 4 étoiles, un homme me demanda dans l’ascenseur si c’était l’endroit où j’allais dormir. C’est ainsi qu’il nous escorta jusqu’au lieu où nous allions passer un peu plus qu’une nuit…

 

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Et oui, Damas, ville historique, mais aussi mystique, et imprévisible. Il était certain qu’il fallait nous y arrêter au moins pour la journée ! Saint Paul nous invitait à y vivre quelque chose, nous aussi !

Après avoir fouiné quelques informations à l’office du tourisme, nous plongions dans la « fournaise » de ce

mercredi 10 novembre.

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Rafraîchis d’un jus de canne à sucre, nous nous élancions, plan à la main, au cœur de la vieille ville, parfumée de toutes ses odeurs, colorée de multiples épices. Un essaim allait, venait, négociait. Les voiles noires côtoyaient les publicités de lingerie, les étales arboraient les variétés les plus diverses de produits.

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En nous orientant à la recherche de la célèbre mosquée d’Ommayyad, nous arpentions une ruelle engorgée de pratiquants. Les suivant, nous entrions dans un lieu de culte très vivant : après avoir revêtu la djellaba, nous pénétrions dans d’immenses salles jonchées de tapis : lustres, mausolées, femmes en pleurs…

 

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Nous découvrions ensuite cette ancienne église transformée en mosquée, dont le mausolée abrite la tête de Jean-Baptiste. Véritable joyau : mosaïques, boiserie, architecture…

 

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En nous « perdant » à travers les souks, nous atteignons les ruelles typiques du quartier chrétien, à la recherche de l’église de saint Paul…

 

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Nous frappions à la porte d’un couvent de sœurs de  Saint Joseph, échangions avec l’une d’elles puis, continuant notre chemin, des cloches appelaient au loin à la messe. Au milieu de ce labyrinthe et des échos de tous les muezzins à la ronde, William, convaincu, partit à la recherche de l’église qui venait de sonner…


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Mission quasi impossible dans ce dédale de ruelles. Et pourtant ! Restant concentré sur le tintement des cloches qui n’était plus qu’un souvenir, il nous conduisit sur la bonne voie. Une messe de rite maronite était célébrée.

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L’ « Abouna » Gabriel vint nous saluer dans un bon français à la sortie, nous invita à nous joindre à un groupe de pèlerins accompagnés des frères de Notre-Dame des Neiges, autour d’une rencontre avec l’évêque maronite de Damas, Mgr Samir Nassar.


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Comme le monde est petit et que l’Eglise est une famille, il se trouvait que j’avais déjà « croisé » le frère Etienne, de Sélestat ! Et quelques pèlerins étant alsaciens, vous devinez la suite… Une femme du groupe vint me saluer, avec un magnifique accent qui sent bon son terroir. Puis de me dire qu’elle était de la région d’Obernai. En réfléchissant très peu, je me souvins tout de suite qu’Agnès était de Valff et que, quelques 12 ans plus tôt, au cœur d’une troupe d’évangélisation, j’avais fait sa connaissance…

La discussion-café avec l’évêque ne dura guère.


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En effet, les pèlerins avaient la possibilité de pouvoir encore célébrer une messe à saint Athanias, lieu où saint Paul avait recouvré la vue et été baptisé, après sa conversion. Sans trop nous poser de questions, nous emboitions le pas.

Mais avant de quitter l’évêché, Mgr Samir nous invita à déjeuner chez lui le lendemain. Nous pensions reprendre la route… Les projets du Seigneur sont bien au-dessus de ce que nous pouvons imaginer ! Nous acceptions donc joyeusement cette proposition bénie.


Vivre une messe était toujours un cadeau… Vivre une messe en français, l’était encore plus… Nous étions donc ce soir-là doublement comblés ! Après cet « enfouissement » au creux du souvenir de notre baptême, sur les pas de saint Paul, nous faisions un bout de route avec nos pèlerins qui se laissaient guider sans savoir la suite de leur programme. A l’instant où ils s’engouffraient dans un restaurant, Agnès nous convia à les suivre, William étant de toutes évidences affamé en cette heure tardive. Dîner de roi à la « syrienne », où nous fûmes heureux d’échanger avec les uns et les autres.

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Après ces moment inespérés, il fut agréable pour rentrer -et digérer- de se « promener » au travers des souks fermés et presque déserts. O combien le Seigneur nous avait encore choyé !

Le lendemain, non que nous nous étions perdus dans les innombrables ruelles de la vieille ville…, mais nous arrivions tout juste à l’heure chez l’évêque. Cet homme était d’une simplicité innommable, nous mettant à l’aise, comme ses enfants.

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Nous passions un doux moment en sa compagnie, avec les trois prêtres qui l’entouraient, échangions toutes sortes de réalités dont celle des chrétiens en Syrie.

Après ce délicieux « frik » (blé cuisiné de façon « frotté », à l’orientale, servi avec du fromage blanc et parsemé d’amandes), nous partions à la recherche de notre Dame de Soufanieh, dont nous avions entendu parler :

une icône de la Vierge suintant de l’huile, accueillie par une femme, Myrna, dont les paumes de main et le visage vivaient ce même miracle … Nous passions un intense moment de prière silencieuse achevée par un chapelet, en arabe, guidé par Mirna.

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Après la messe, nous replongions dans le monde et son tourbillon. L’envie de profiter des prestations très bon marché d’un hammam nous emmenèrent à travers quelques ruelles isolées, guidés par un policier qui, pour nous accompagner, n’avait pas hésité à abandonner son poste. C’était les horaires d’ouverture pour hommes.

 

Laissant le mien se refaire une santé, je prenais donc seule le chemin de l’hôtel. A son retour, William arborait un visage lumineux et un joli pansement… Ce qui était censé être relaxation s’était transformé en mini-torture. Une micro-déchirure à la main avec un macro-repos de vélo… Notre séjour damasquin se prolongeait donc…

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Nous profitions de ce  « mal » pour nous évader à Seydnaya, (littéralement « chasse à la gazelle »), village à la fois musulman et chrétien où une icône miraculeuse suinte de l’huile. Nous ne réalisions pas qu’à quelques kilomètres de là se trouvait un autre village, Maalula, fort de la tradition chrétienne, où l’araméen, la langue du Christ, était encore parlé.


A notre retour, un Syrien émigré au Koweït, rencontré la veille, à l’hôtel, nous offrit gentiment de nous emmener apprécier la vue de Damas depuis la colline, by night. Moment riche en échange et qui nous entrouvrait déjà la porte de ce qui allait suivre pour nous en cette terre… Nous n’étions en effet qu’à nos balbutiements de la rencontre avec les Syriens ; mais une générosité naturelle, un désir spontané de rendre service semblaient inonder ce peuple.


Comme le Seigneur nous gâtait malgré notre « arrêt forcé », nous eûmes droit ce dimanche à une messe en français ! Ayant prospecté la vielle, nous avions trouvé un couvent. Au cœur  de pères franciscains, un prêtre lazariste célébrait l’eucharistie. Saint Vincent de Paul nous accompagnait discrètement !!

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Notre dernier après-midi dans cette capitale fut consacrée à finir notre « tournée » des églises. Il manquait à notre pèlerinage la « cathédrale Maryam » de la vieille ville. Nous partions donc à sa recherche, lorsque nous fûmes interpellés au milieu de la foule par Abouna Gabriel. En discutant, il nous fit comprendre que nous étions vraiment passés à côté d’un trésor, celui de Maalula… Le soir tombant vite, nous décidions cependant de rester au cœur de la vieille ville…


Notre départ de Damas ce lundi 15 novembre fut mémorable : embouteillage, pollution, chaleur écrasante… et turista à la clé. Au bout de plus de 20 kilomètres, nous envisagions de nous arrêter pour manger un « schwarma » et surtout prospecter pour une escale sûre pour la nuit. Le soleil commençait à pâlir ; les intestins fragilisés nous avaient par ailleurs épuisés. Si Mgr Nassam nous avait parlé du village de Khabab et de ses sœurs, nous en étions encore loin…

Monsieur Jamal

Nous sortions à la première aire de repos de l’autoroute, à hauteur d’Al Kisweh. Se faire comprendre ne fut pas une mince affaire. Mais une chose était sûre : ni hôtel ni autre hébergement à la ronde. Enfin… à la façon française ; car soudain, à la mode « syrienne », un petit hôtel, qui n’en était pas vraiment un, nous ouvrait les bras. Le propriétaire du magasin, à côté du « kebbabier », nous proposa une nuit au-dessus de son restaurant. Monsieur Jamal était bon commerçant mais son prix était un peu élevé pour les prestations sommaires, voire inexistantes : un tapis au sol, une couverture, un lavabo, et en supplément, bruit et lumière toute la nuit. Nous négocions quelque peu, sans grande difficulté, le thé et les fallafels nous étant offerts.


Après cette nuit, nous étions...


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8 novembre 2010 1 08 /11 /novembre /2010 20:29

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Quelques nombreuses journées, quelques kilomètres en plus nous ont aussi séparés...

 

De nouveaux pays, de belles anecdotes et de magnifiques rencontres se sont offerts à nous…

 

Mais retrouvons-nous là où nous nous étions quittés, puisque « hamdul’la » nous avons trouvé une connexion !


Samedi 30 octobre, minuit passé. Après d’émouvantes embrassades d’au revoir à Vassilis qui nous avait pris sous son aile jusqu’à la station de bus de Xanthi, nous embarquions pour Istanbul. Six heures de route, avec passage à la douane, 450 km dans un bus de compagnie turque de grande qualité totalement arrangé par notre ami.


Dieu nous avait manifesté une fois de plus combien nous avons du prix à Ses yeux et qu’Il nous aime !

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Nous arrivions à Istanbul à 6h00… (ou plutôt 5h00 du matin vu que notre planète se met à l’heure d’hiver). Le froid saisissait ; nous étions tout engourdis de cette nuit « blanche ». La vie fourmillante de la grande station de bus était déjà rythmée par le chant du muezzin. Première immersion.


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Dans la nuit encore noire, nous enfourchions nos bicyclettes, direction la Galata Kulesi (tour de Galata). Nous nous retrouvions très vite sur l’autoroute, puis au milieu des chiens que William désormais repoussait d’un cri dissuasif … 18 km pour atteindre le lieu de résidence de nos pères dominicains.

 

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Les minarets se dessinèrent les uns après les autres dans le ciel s’éclaircissant peu à peu. Quelque une heure et demi plus tard, nous arrivions à notre but.


Tout le monde dormait encore. Après un temps de patience, transis par le froid et inondés de fatigue, nous sonnions à la porte de nos hôtes. Ils avaient mis un petit appartement à notre disposition. La messe de 11h00 nous laissait le temps de nous installer et de sommeiller.


Cette communauté de quatre frères italiens animait la messe autour de quelques paroissiens d’origine variée : grecque, italienne, bulgare, irlandaise. Le célébrant nous fit le cadeau de commencer notre pèlerinage en Turquie par la célébration de l’eucharistie, articulée entre l’italien, le turque, et le français !

 

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Après un petit échange avec quelques paroissiens et frères, nous allions à la découverte des environs, l’estomac grandement creusé depuis la veille. Artère principale interminable, d’où jaillissaient moult ruelles, grouillantes de monde, dans ce quartier plutôt européen.

 

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Un détour fut soudain imposé par les forces de l’ordre au cours de notre petite escapade. Nous apprenions plus tard que le « petit » incident dont nous avions vu les traces avait été un attentat-suicide occasionnant la mort du kamikaze et une trentaine de blessés.


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Lundi 1er novembre, Toussaint. Bonne fête à vous tous ! Car, oui, nous sommes tous SAINTS, par appel ! Cette sainteté qui ne nous demande pas d’attendre le ciel pour l’obtenir, mais qui nous veut toujours plus à notre place, au cœur de notre vocation d’humain, dans l’Amour !


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Après la visite de la « nouvelle mosquée », gardée par une myriade de pigeons, et une immersion dans le marché égyptien aux épices, nous dégustions un gözleme (sorte de lasagne végétarienne à la féta) et une lahmacun (petite pizza). Je ne vous cache pas que, la veille, nous avions déjà craqué pour des loukoums…

 

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Profitant de ce jour de repos pour nos genoux, nous choisissions l’option « promenade en bateau » sur le Bosphore. Après avoir traversé le  pont de Galata, entre marchands ambulants, cireurs de chaussures, pêcheurs à la ligne, nous embarquions pour notre balade au doux soleil d’automne.

 

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Cette excursion nous mena, au-delà du pont reliant les deux continents, jusqu’à la forteresse, sentinelles du détroit.

 

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Oui, car nous ne pouvons l’oublier : ici finit l’Europe, ici commence l’Asie ! A nous qui allions abandonner nos pédales pour quelques jours, il nous faudrait avoir le pied marin !


Au cours de cette promenade, l’insistance du serveur fit fléchir William pour un jus de fruit frais et un café. La facture « improvisée » par notre cafetier me fit réagir : 6 LT (soit 3 euros) ; or nous avions vu les tarifs à l’extérieur… Ce monsieur voulait simplement nous « arnaquer » du double et notre naïveté apparente de « bons touristes » semblait un bon appât !


Nous regagnions bien joyeusement le quartier de Galata (au pied de l’Istanbul moderne), notre nid douillet et chaud, avant la célébration de la messe de la Toussaint.

 

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Notre séjour était dépaysant, surtout pour William qui découvrait pour la première fois ce monde, entre deux mondes. L’atmosphère de cette ville nous plongea dans une autre réalité… Souks, harcèlement ou « vol » indirect, rythme, religion.

 

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Le chant du muezzin vibrant aux quatre coins de cette cité aux mille et un minarets pouvait ne pas être qu’un seul appel à la prière pour les musulmans. A l’une ou l’autre reprise en effet, je me laissai plonger dans une intériorité, en communion avec Dieu, avec mes connaissances musulmanes de par le monde.

 

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C’est d’ailleurs la « tournée » des mosquées que nous entreprenions de faire, ce mercredi 3 novembre, en nous noyant dans la foule du vieil Istanbul, au cœur de ce quartier de Sultanahmet. Mosquées ou églises transformées…

 

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Véritable enfilade de styles architecturaux, de joyaux, de la basilique Sainte Sophie, à la mosquée Bleue, (où nous traversions mille ans d’histoire), en prolongeant notre escapade par l’hippodrome pour enfin redescendre vers la mer de Marmara jusqu’à la Petite Sainte-Sophie, église byzantine et la mosquée de Sokollu Mehmet Pasa, qui malheureusement fermait ses portes pour la prière.

 

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Nous remontions ce dédale de ruelles dans la couleur miel du soleil, traversions le grand bazar, tout tranquillement, les genoux quelque peu endommagés par nos presque 2700 kilomètres. Si cette halte istanbuliote fut propice à un grand repos, elle fut importante pour la réflexion quant à la suite de notre pèlerinage. Certes, le froid, l’humidité qui commençaient à sévir nous confortèrent dans le choix de prendre un bus pour avancer…

 

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Mais pas seulement avancer pour avancer… Avancer vers l’Avent aussi, car, le désir profond et brûlant de notre cœur était celui d’arriver à Jérusalem avant le 25 décembre…

 

Nous enquêtions alors pour les possibles : sud de la Turquie ? Syrie ? Il nous fallait « calculer » notre temps/distance. Finalement, nous options pour… Damas, gardant nos cœurs, nos pneus et nos pas dans ceux de saint Paul.

 

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Nous quittions Istanbul, ses innombrables minarets, sa brume de pollution, bénis par le Père Lorenzo et accompagnés de la Vierge des guides !

 

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Après un réel « parcours du combattant » entre une circulation folle,  la chaussée parfois glissante, des ruelles à la « San Francisco », nous arrivions au bout de deux heures de vélo en gare routière. Véritable marché du transport, des centaines de bus, des personnes toujours prêtes à nous dépanner, nous renseigner, et l’avantage de voyager bon marché, sans que notre encombrant bagage ne pose aucun problème !


Nous quittions Istanbul à 14h00 ce lundi 8 novembre, arrivions à Antakya le lendemain matin, 6h00. Un « douloureux » changement de bus s’imposa, dans le froid et l’engourdissement de l’aurore. La correspondance pour Damas ne repartait qu’à 11h30. Nous faisions notre au revoir à la Turquie sous un doux soleil.

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31 octobre 2010 7 31 /10 /octobre /2010 11:19
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30 octobre 2010 6 30 /10 /octobre /2010 17:04

Et pour cause…

un baiser couleur nature

 

Sofia, la fille des propriétaires du café-restaurant, avait réussit à se faire comprendre pour nous offrir un café. Petits gâteaux crétois de l’île de sa maman, vrai café « à la française », nous nous installions, comme des princes, en terrasse. Nous partagions notre chemin parcouru, photos à l’appui, faisant peu à peu connaissance avec Georges, le frère, puis le papa

le papa des Anges....

Nous profitions de cet échange pour nous renseigner quant aux possibilités de dormir en sécurité alentour. Sofia suggéra alors de nous entretenir plus tard avec le « Papas » (curé) du village. Mais, tout d’abord, voulant nous faire profiter de son jour de congé, elle nous proposa une excursion en voiture.

 

Il fallait cependant refaire nos forces et, malgré notre en-cas à peine digéré, nous nous retrouvions, simplement là, attablés, au milieu de cette chaleureuse famille, autour d’une délicieuse salade grecque, d’œufs et d’escargots…

la rivière Nestos

La promenade fut insoupçonnable de beauté, d’authenticité, le long de la rivière Nestos, coulant jusqu’en Bulgarie. Nos deux guides étaient adorables… Nous vivions ce temps avec beaucoup de joie, temps qui se prolongea au coin du feu, à notre retour, autour d’une tasse de thé et de quelques coups de téléphone.

avec Papas Bilias

Le prêtre du village arriva, un adjoint au maire suivit, puis une clé pour finir. Mais un souci les habitait ! Ce petit local était-il assez « décent » et salubre pour nous ? Sans eau… donc sans toilettes… Sans électricité… Sans drap… Sans… Mais avec tout, puisqu’avec et en Dieu !


Le curé nous offrit de suite en option de rechange son église… Cela était touchant de voir tant d’énergie déployée pour nous recevoir, nous étrangers… Bien évidemment, nous étions dans l’action de grâce, remerciant Dieu à chaque instant de nous chérir de tant de bonté.


A notre grande surprise, le prêtre revint avec un mot. Deuxième « mot magique » ? En toutes évidences, signé de sa main et tamponné de sa paroisse, censé nous ouvrir les portes chez les prêtres orthodoxes et certifiant que nous étions des bonnes personnes !

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L’inouï de Dieu nous sautait à nouveau en plein cœur, Lui qui sait mieux que nous ce dont nous avons besoin, sans même y penser !

Après avoir partagé autour d’une pizza et du film du mariage de leur sœur, Sofia et Georges nous conduisirent dans notre petit nid… Le départ dans la bruine du matin le lendemain fut à l’image de ce moment passé en « famille », plein de chaleur !


Xanthi était à 25 kilomètres au nord de Nea Xerias. 25 kilomètres qui se transformèrent en 40, tant la force du vent se faisait ressentir puisque nous n'avancions qu'à 6 kmh sur le plat.

 

Nous arrivions sous la pluie dans cette grande agglomération, où les couleurs de la Grèce occidentale se mélangeaient désormais à celle bien orientale : minarets, foulards, roms…


Nous nous dirigions de suite vers la mairie, désireux de trouver un abri. Les réalités ici semblaient toutes autres. Seul le maire pouvait décider. Or, aucune possibilité d’accueil ne relevait de cette ville. Après attente et palabras, on m’orienta vers l’archevêché. Véritable parcours à l’inconnu dans les ruelles pavées et glissantes de la vieille ville. Un square : une église, ouverte… mais en plein office de funérailles ; une grande bâtisse, l’évêché… mais fermée.

agia sofia

Après nous être décidés à trouver un autre lieu en quittant, s’il le fallait, cette ville, William et moi sentions que nous devions cependant nous revêtir de patience et persévérer. Je m’orientais alors vers l’école du square, quand j’entendis mon homme me héler : deux prêtres orthodoxes sortaient de cette immense maison. Le petit « mot » fit alors son premier office ! Ils nous envoyèrent à l’église-cathédrale du centre ville, sainte Sofia, où nous devions rencontrer le « big papas ».

 

L’archevêque, en fait, y célébrait un enterrement. Nous décidions d’attendre, à l’abri de la pluie, restant en retrait de l’entrée principale. Soudain, alors que les fidèles sortaient par la porte centrale, la toque noire et la crosse à la main, l’évêque apparut de notre côté. Modestement, nous lui présentions notre « mot ».

 

Avec attention et solennité, il prit le temps de le lire puis nous demanda d’attendre. Bien certainement, il se rendait au cimetière ! Un monsieur revint vers nous pour nous faire comprendre que tout était « ok », nous inviter à prendre une chaise et patienter peut-être une petite heure… Le téléphone grec semblait plutôt fonctionner !!


Un « papas » arriva alors et nous indiqua l’hôtel Elena où nous étions attendus… Moi qui imaginais dormir dans une salle paroissiale froide, nous étions envoyés dans une chambre 3 étoiles, où, grande fut notre joie de nous réchauffer avec une douche et de faire sécher nos affaires !


La tempête du lendemain matin ne nous surprit guère. Un vent violent avait soufflé toute la nuit, à 60 kilomètres/heure. Le danger pour nous de bouger était trop grand. Il nous fallait trouver un arrangement. Nous étions le 28 octobre, jour de fête nationale de la libération de la Grèce. L’hôtel affichait complet. A la réception, on me demanda d’attendre pour envisager quelque solution. Une-demi heure plus tard, nous devions quitter la chambre, rien n’ayant pu s’organiser autrement. « Tenez vos lampes allumées » ! Prêts à plonger sous la pluie torrentielle !


Nous nous équipions alors pour « l’aventure », arborant non seulement nos vêtements anti-pluie mais également anti-froid. « Soyons toujours joyeux et prions sans cesse » ! Mon petit homme le vivait en toutes circonstances !


Ce que j’eus plus de mal à faire lorsque, sur ma monture, au bout de quelques mètres, le vent me fit chanceler. En plus des bourrasques de vent violent, des flaques d’eau, de la pluie froide qui se transforma vite en grêle, des…, des…,  je me heurtais à la fragilité de ma petite nature physique et mentale !

Les anges Dimitri et Olimpia

Le premier village fut la première « sortie de secours ». Les ruelles ravinaient, les trombes d’eau nous balayaient. Un clocher d’église, une maison dans son enceinte, nous sonnions à la porte. Un bambin apparut derrière la vitre. Puis la maman vint nous ouvrir, avec quelque réticence, suivie du papa. Sans tarder, malgré les doigts gelés, je partais à la recherche du mot, synthétisant tout. Dimitri nous proposa de suite de nous emmener en voiture chez le curé.


Quel ne fut pas son « bon » accueil ! Un « papas », en plein repas de famille, au chaud dans sa grande maison de trois étages, avait bien autre chose à faire que de s’occuper de deux pèlerins. Totalement déconnecté des réalités, il était prêt à nous renvoyer d’où nous venions. Dimitri nous rembarqua chez lui, nous proposant de discuter au sec et au chaud, avec sa femme, Olympia.

 

De suite, un jogging, des pantoufles, des chaises pour y faire sécher nos vestes, un café, un jus d’orange, des gâteaux…

Nous furent de suite intégrer à leur famille. Grande polémique et discussions quant aux possibles, nombreux coups de téléphone. Ils nous proposèrent alors de déjeuner avec eux, de nous reposer ensuite puis d’organiser notre accueil et nuit.


Ce repas, plein de vie, autour de leurs deux enfants Nectarioc et Johnny, fut un régal : feuilles de vigne farcies et poivrons marinés par la grand’mère, féta, œufs, saucisses… et grosses parts de gâteaux. Après cela, la sieste s’imposa, comme vous pouvez l’imaginer !


En fin d’après-midi, la tempête sévissait toujours. La maman, accompagnée de la sœur, du frère d’Olympia et d’un ami arrivèrent à la nuit tombante.

 

Big Ange Vassilis

Puis, on nous exposa la situation : ce monsieur était le président de l’association de danse folklorique du village. Il prenait notre arrivée à sa charge et nous guidait vers le petit hôtel du coin. Nous suivions la cadence, mais lorsqu’il s’agissait ce soir-là d’aller dîner, nous déclinions poliment, encore repus du déjeuner. Vassilis insista cependant, au moins pour boire quelque chose ; nous consentions alors à partager simplement le verre, pour l’amitié.


Amitié… au-delà de la connaissance mutuelle de l’un et de l’autre. Il nous fit part spontanément du petit planning du lendemain qu’il avait envisagé pour nous : petit déjeuner à l’hôtel, puis, à la sortie de son travail, vers 14h30, il viendrait nous chercher pour le repas… Nous nous regardions alors, William et moi, sachant que notre désir et la nécessité (liés à la saison hivernale approchant à grands pas) étaient d’avancer…

ange Vassilis

De plus, repartir après le déjeuner n’était pas une solution idéale pour nous, le jour baissant, et les nuits s’organisant difficilement parfois. Nous laissions en suspend notre interrogation. Vassilis nous fit comprendre que nous pouvions rester une deuxième nuit ici…


Seigneur,  nous nous confions à Toi… Une telle insistance était-elle significative d’autre chose ?


« Vous qui craignez le Seigneur, espérez Ses bienfaits… Qui, persévérant dans Sa crainte, a été abandonné ? » (Ecclésiastique 2, 9-10)


Nous fallait-il lâcher prise ? En tous les cas, nous laissions la discussion suivre son cours et les tasses, les verres s’entrechoquer au son des YaMaS ! 

Amitié… dépossédée de tout, dans la gratuité du temps partagé, du don abandonné, de la personne engagée, du service proposé, de l’intention présentée. Vassilis avait un cœur bien trempé dans les réalités concrètes de la vie. Lorsque nous lui présentions nos projets d’itinéraire, avec notre questionnement lié aux températures devenant glaciales, et que nous planifions éventuellement de prendre un bus pour traverser la Turquie, il nous regarda, se tut.


 

Puis nous raconta posément qu’il avait sa compagnie de bus qui sillonnaient les villes en Grèce. D’ajouter cependant qu’un de ses amis avait également la sienne et se rendait chaque nuit à Istanbul… Il passa un coup de fil, puis affirma que nous pouvions demain, après demain, quand nous souhaitions, profiter de ce « possible »…

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Amitié… simplement là, à s’ouvrir, à partager et prendre du temps les uns avec les autres, pour laisser le cadeau de Dieu alors s’offrir ! Dieu ! Ne venait-Il pas de nous envoyer Son ange ? Vassilis… précisément… simplement… pour nous… dans toute son humilité ?


Cela était insoupçonné, inespéré ! Rejoindre Istanbul samedi dans la nuit nous apparut comme un présent de Dieu ! Nous partagions encore un peu avec notre hôte, puis, malgré la chambre froide de l’hôtel, William et moi plongions, dans l’action de grâce, sur le cœur chaud de notre Seigneur !

 

« Heureux qui s’abrite en Dieu » (Psaume 2, 12)

 

La journée de ce vendredi 29 octobre alterna repos et partages avec notre «guide-protecteur ». A trois heures, il nous emmena manger une véritable assiette grecque qui nous combla pour la journée !


Après la traditionnelle sieste, nous allions goûter une autre tradition… Non, non, il ne s’agit pas du fameux ouzo, ni du tsipouro (alcool encore plus fort) que les hommes boivent à toutes ou aucune occasions, mais du folklore dansé par les élèves de son association… Nous passions un moment entre pas de Macédoine et autres régions.

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Puis, dans la nuit glaciale, il nous invita à rencontrer des amis au «café des vieux », formule propre à la Grèce, offrant aux retraités un tarif « préférentiel ». La fraternelle chaleur entre les uns et les autres, rythmée d’éclats de rire universels, nous fit passer cette soirée grecque dans le pincement au cœur de cette réflexion : « c’est la dernière ! »

derniere fois en grece

En effet, nous avions pu contacter, après quelques difficultés, la communauté de nos amis prêtres dominicains d’Istanbul, chez qui nous souhaitions séjourner. Malgré le froid qui sévissait déjà dans cette grande ville turque, nos frères en Christ pouvaient nous recevoir ! Nos cœurs étaient déjà en fête à l’idée de vivre aux côtés de religieux bercés par la même confession que nous, et de découvrir ensemble cette ville, entre Occident et Orient !

 

Le Bon Dieu, en tout cas, semble toujours se débrouiller pour que Ses enfants, dans notre profond désir, arrivent à l’heure pour la messe ! ;-))


Ce 30 octobre, nous profitons du possible d’une connexion pour vous faire un dernier coucou grec (beaucoup de villes de ce pays offrent le wifi free. La régularité sera peut-être désormais moins fréquente !)

 

Les Yamas

Il est 16h00. Nous  sortons de table après un somptueux repas grec arrosé d’un vin maison, d’un bel échange culturel et surtout de l’amitié chaleureuse de Vassilis. Avant notre au-revoir, il veut cependant que nous nous retrouvions au café, autour du match de football, ce qui n’est pas gagné car ni mon homme ni moi ne sommes adeptes !


Une réflexion avait depuis fort longtemps naquit en nos cœurs... Le Seigneur ne veut-Il pas le meilleur pour Ses enfants ? Nous avions cette douce impression qu’à quelques heures de quitter cette terre, comme après l’effort de l’ascension de la montagne, nous avions le plaisir d’être au sommet… Sommet d’un cœur que notre Bon Dieu nous avait envoyé, comme s’Il nous avait réservé le meilleur, nous entourant de Sa tendresse, de Son affection, de Ses intentions à travers la personne simple et touchante de cet homme.

 

A 23h00, ce soir, son ami viendrait nous chercher pour nous conduire à la station de bus, direction la Turquie…


Mais avant de partir à la découverte d’autres cœurs, d’une autre langue, civilisation, culture, nous ne voulons pas quitter ce pays sans un grand « EFRALISTO », un « merci», un « thank you for all the lovely smiles, the helping hands, the opening hearts, all… these gifts of God !»

 

Que Dieu vous garde tous !

YASSAS !

La coiffe tradi de grece

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29 octobre 2010 5 29 /10 /octobre /2010 18:07

 

Ewa et Antoni

Notre petite vidéo précédente de sainte Lydia vous a donné un indice quant à notre séjour… prolongé à Kavala ! Nous étions donc partis à la recherche de la « Source et du Sommet »… En remontant la ruelle pavée jusqu’à la grille, Saint Vincent de Paul nous accueillait. Le portail franchi, une femme, Ewa, nous ouvrit la porte d’un haut bâtiment. On réussit à se faire comprendre. Il fallait revenir à 17h00.

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Nous en profitions alors pour arpenter la « ville bleue », nous rendre à l’église de saint Nicolas, devant laquelle un monument était érigé, en mémoire du premier pas de saint Paul en cette terre européenne.

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Un plongeon dans la vieille ville, « Panagia », et son histoire nous conduisirent jusqu’à son château, son aqueduc antique « Kamares », ses constructions à l’architecture islamique (où naquit Mohamed Ali, fondateur de la dynastie égyptienne).

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L’heure du rendez-vous sonna. Nous trouvions cependant porte close. Un coup de téléphone et nous rencontrions Père Georges. D’origine polonaise, parlant un parfait français, ce lazariste se rendait chaque samedi soir à Kavala depuis Thessalonique. Dans une spontanéité toute gratuite, il nous fit entrer, garer nos vélos, nous invita à le suivre pour nous montrer les lieux : la chapelle, la cuisine, puis une chambre où deux lits étaient fraîchement refaits…


Avec empressement, après avoir déchargé nos bagages, nous « courions » à la chapelle, heureux de nous sentir « comme à la maison »… Action de grâce, dans cette respiration du corps, du cœur, de l’âme… Cette « Maison » du Seigneur était nôtre… Non seulement dans cet accueil libre, confiant, mais aussi dans ce lieu, pétri de la Présence de notre Dieu !

 

Depuis plus d’un mois en cette terre grecque, nous avions déjà bien souvent réalisé ô combien nous avions ce désir et besoin de nous retrouver dans un cœur à cœur avec notre Père… Il nous faisait ici ce cadeau d’être en famille !

Père Georges de Kavala

Famille « extra-large », autour de cœurs polonais, en ce dimanche matin, où une table de petit déjeuner nous était ouverte avec un buffet confectionné par Ewa, en vacances avec son mari à Kavala. La célébration en greco-polonais nous combla de joie ! Elle fut prolongée par une convivialité autour d’un thé et d’une « famille », celle de la grande Eglise catholique, aussi petite soit elle en ce lieu !


Nos genoux ayant été mis à trop grande contribution les jours précédents, William souffrant d’une micro-déchirure, et Père Georges nous ayant laissé totale liberté quant à notre séjour, nous restions sagement nous reposer ce dimanche après-midi.

 

En soirée, Gisèle, une paroissienne allemande mariée à un Grec, nous invita à un récital de musique variée. Petite approche culturelle pour compléter notre matinée cultuelle…

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Lundi matin, une étape forte de notre pèlerinage nous conduisit à continuer notre route… en bus. Direction Lydia, à quelques 10 kilomètres au nord ouest de Kavala, de l’autre côté de la montagne.Nous descendions à Filippi, où un site archéologique était magnifiquement conservé avec notamment les ruines d’un théâtre antique et d’une basilique.

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Après 20 minutes de marche, une petite coupole se dessinait au loin. Nous arrivions en ce lieu où saint Paul, pour la première fois, avait baptisé. Lydia... Un peu à l’écart du village, au-delà du temps et de l’espace, une rivière, telle une veine de bénédiction, coulait. Grâce dans laquelle nous nous laissions plonger.

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Du baptême naquit l’Eglise… A quelques mètres du cour d’eau, une petite église, ornée de mille et une mosaïques, invitait au plus grand recueillement. Notre prière embrassait tous les baptisés du monde…

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Nous regagnons Kavala en milieu d’après-midi. Nous nous étions quelque peu adaptés aux horaires grecs (repas à 14h30-15h00), selon les petits déjeuners, copieux ou non (en l’occurrence délicieux feuilletés féta-épinards offerts par le Père Georges, ce matin-là).


Le mardi 26 octobre, saint Dimitri donnait aux Grecs la joie d’un jour férié. Tout était fermé, sauf les cafés… Nos tours de roue s’accomplissaient sous un soleil inespéré, avec, de la partie, notre petit vent de face. Aux alentours des 13h00, nous improvisions une petite pause casse-croûte avec sandwich confectionnés le matin.

Ange Sofia


Vers 15h00, le soleil étant toujours de la partie, nous nous arrêtions dans un café pour demander de l’eau en vue d’une nuit en nature. William tardait à ressortir avec nos bouteilles… et pour cause...

 

Mais à l'heure qu'il est, là où nous sommes, une autre cause nous appelle... Nous n'allons cependant pas vous quitter sans crier cette cause toute joyeuse :

 

 

 

Bon Anniversaire Nathalie !! 

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27 octobre 2010 3 27 /10 /octobre /2010 20:40
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23 octobre 2010 6 23 /10 /octobre /2010 11:52

Stasi la compassion en action

Ce dimanche 17 nous donna l’occasion de vivre… un miracle ! 16h50 environs, nous entrions dans un village, Vassiloudi. Mission : demander asile au prêtre alors qu’un orage était annoncé pour la nuit. En face de l’église où les cloches venaient de sonner, les sourires du voisin nous incitèrent à lui montrer notre mot, en attendant que le « pater » finisse son office.


Un vieux monsieur au chapeau, passant par là, fut de suite interpellé : il parlait l’allemand et fit l’interprète. Il réfléchit, proposa de demander au prêtre qui avait à disposition une salle paroissiale, re-réfléchit et nous demanda si nous étions des « gute Leute »… (de bonnes gens).

 

Il re-réfléchit, tergiversa, nous montra de loin sa maison, nous expliqua qu’il n’avait pas de place pour nos vélos, puis, tout à coup, s’abandonna : il nous invita chez lui ; nous n’avions plus qu’à garer nos bicyclettes dans l’enceinte de l’église. Dieu venait de nous envoyer son ange, Il venait d’agir profondément dans le cœur de Stasi.

18.10.2010.l'Ange Stasi

Au bout d’un mois dans ce pays, nous étions hébergés pour la première fois dans un foyer, auprès d’un adorable papi grec, ayant travaillé 24 ans en Allemagne… Ce lien linguistique fut certainement ce qui le détermina à nous accueillir ! Nous échangions sur tout, cuisinions des toasts pour le dîner, et, pour ajouter à la « complétitude » du miracle, il nous donna son lit pour se contenter du divan.

Vive les toasts Grecs

Une bonne odeur de café éveilla nos sens au petit matin encore abreuvé de la forte pluie de la nuit. Nous quittions Stasi avec plein d’émotions, des noix, de la tisane bio, des toasts pour la route et cette parole, adressée pour nous de la bienheureuse Anne-Marie Javouey :

 

« Que peut-il manquer à celui qui possède Dieu ? »

 

O, oui Seigneur, Tu es notre Berger, rien ne saurait manquer où tu nous conduits !


Le ciel menaçant de ce lundi eut son dernier mot ! Agrémentés d’un violent vent de face, les nuages gris eurent soudain raison de nous. Nous nous arrêtions alors dans le village de Madytos, à la recherche d’une éventuelle mairie. Il était 15h02, heure à laquelle les bureaux ferment vraisemblablement partout.


Mais, peut-être aurions-nous encore la chance de rencontrer quelqu’un ? Une femme de ménage fit tout de suite l’intermédiaire pour appeler la personne adéquate. Celle-ci, après m’avoir expliqué, en italien, que le village ne disposait pas de commodités d’accueil, examina la situation puis me demanda si nous pouvions encore parcourir 18 kilomètres… Elle téléphona. Nous étions attendus à Asprovalta, à l’hôtel Saint George (petite pensée pour tous ceux qui portent ce nom, même si je n’en connais qu’un seul… -coucou Georges !-)

 

 Nos derniers efforts sous la pluie et à travers le vent ne furent pas sans récompenses ! « Saint George » nous accueillait dans son hôtel 4* ;  le propriétaire nous attendait effectivement, avec toute son interrogation face à nous, tout son rejet face à ce monde devenu trop stupide !


19.10.2010.Dina

Cette halte, inestimable, peut-être unique dans notre vie, fut immensément appréciée ! D’autant difficile de reprendre la route que William souffrait d’une douleur au pied… Mais requinqués comme nous venions de l’être (un buffet petit-déjeuner royal avait été inclus à notre nuit), nous enfourchions gaiement notre monture sous un ciel bleu moutonneux et un doux soleil.


Pour la petite anecdote, alors que la pensée journalière d’Anne-Marie Javouhey était : « Le Bon Dieu accorde tout à l’humble prière », William, sur le chemin, la veille, avait plaisanté en se disant que pour changer, le Seigneur pourrait nous donner au moins un palace ! S’Il nous avait pris « au mot », tous les mots du monde ne nous suffiraient pas à rendre grâce à notre Dieu !

Un rêve de lion

Et même à travers les plus petites intentions ! A 14h00 passés, pédalant envers et contre ce vent qui ne voulait plus nous quitter, le petit creux se fit ressentir. Mon homme stoppa net devant un « mirabellier », enfin un prunier grec ! L’encas rêvé, tombé du ciel, remplit nos ventres et notre besace jusqu’au soir !

Room service à la plage

Il fallut au moins ces quelques forces pour prendre en stop une touriste pas comme les autres ! Au milieu de la chaussée, une tortue gambadait naïvement. La mer était à un kilomètre environ ;

Le taxi de Madame

William, sans hésiter, transforma sa sacoche en taxi-tortue et l’emporta jusqu’à son environnement plus habituel. Nous faisions quelques pas avec elle, pour poursuivre notre chemin de quelques tours de roue.


Tours de roue en descentes, en montées, en montées, en descentes, laissant chacune d’elle nous offrir un nouvel horizon. Le paysage devenait de plus en plus authentique, voire désertique. Entre deux villages lointains, il fallait désormais un peu mieux gérer nos haltes et surtout l’eau.

c'etait chez nous !

Ce soir-là du mercredi 20 octobre, nous dévalions quelques 40 mètres de petit chemin tout terrain pour nous arrêter dans un « camping sauvage », vue sur mer, entre caravanes et tentes délaissées par leurs vacanciers fantômes. Le lieu nous appartenait, sous l’œil gardien de « Dame tour », une vieille bizantine d’Apollinia et le regard perçant de « Dame lune », presque pleine cette nuit-là.

 

tour bizantine d'Apollonia (2)

Notre dîner fut divinement salé… et pour cause ! Au menu : pasta, cuite à l’eau de mer… (et oui, nous n’avions pas totalement géré la quantité en eau ! Les villages résidentiels alentours sont inhabités). Eau salée, toute fraîche, doublement appréciée car William avait été jusqu’à prendre une vague de plein front pour la récupérer dans notre casserole !

 

Quant à notre nuit, bercée certes par le flux et reflux de la mer déchaînée, nous étions heureux, en cette fin de mois d’octobre, de la vivre « à la belle » entre étoiles et nuages clairsemés, au coin de la douce chaleur d’un feu de camp alimenté avec amour par mon petit homme.

une belle etoile...

Au soleil levant, le petit déjeuner improvisé fut partagé avec nos amies les fourmis, allant et venant follement, entre les miettes parsemées à leur intention, à l’entrée de leur bercail !


Après un petit plongeon pour une mise en forme de mon homme courageux, nous attaquions notre journée par la mise en bouche de l’ascension de ce petit coin de « paradis terrestre ».


En chemin, nous croisions deux cyclo-randonneurs allemands, un joggeur, et notre fidèle compagnon, « vent de face » qui s’était pris d’amitié pour nous… L’étape nous conduisit à une mairie, dans ce petit village de Nea Peramos. La secrétaire, Smaro, m’accueillit gentiment, aidée par son interprète Stella. Après une certaine attente, dans le tourment des polémiques d’une vie communale, un journaliste, de passage, s’intéressa à nous, nous posa quelques questions et nous prit en photo au milieu de nos héros, j’ai nommé nos deux vélos !

 

On nous offrit un verre d’eau, puis au milieu de brochures touristiques, deux mini bouteilles de Tsipouro (leur ouzo local). La consigne fut donnée : une chambre était mise à notre disposition et le restaurant « Konstantakis » nous attendait pour un repas grec traditionnel !


Pouvions-nous imaginer tout cela ? Encore moins l’espérer !!

16.9.2010.Le mot magique

Nous n’oubliions pas Marie, à Diakopto, qui, avec son époux, nous avait honorés d’un véritable mot dentelé précieusement, telle une bénédiction qui nous accompagne, ou plutôt nous ouvre les portes…


Nous n’oubliions pas Marie, notre douce Maman du ciel… qui sous son manteau d’amour nous enveloppe et qui, à travers son icône, dans un coin de bureau de mairie ou d’ailleurs, intercède pour nous auprès de toutes ces personnes… Oui, « qui se fie en Yahvé, la grâce l’entoure » (Ps. 32)

Mairie de Kavala

Grâce qui nous entoura à Kavala également ; Kavala qui, comme toutes les villes grecques, se doit d’arborer ses décorations de Noël, à l’année… Cette grosse bourgade était incontournable pour notre pèlerinage : lieu où Saint Paul avait prêché pour la première fois, en Europe, et à quelques kilomètres de là, Lydia, un village perdu dans la montagne où il aurait baptisé la sainte portant ce même nom.


Nous nous y rendions donc, allant tout d’abord à la rencontre des « possibles », côté mairie. Christina, dont le mari est cycliste me fit un bon accueil, me posa mille et une question, puis me fit patienter… jusqu’à l’arrivée du maire. Les élections prochaines mettaient les municipalités en effervescence.

Sonia et le maire de Kavala

Après un débriefing et un historique ratissé sur la ville depuis le balcon du bureau du maire, il me donna la précieuse information qu’à quelques bâtisses de là, une église catholique se cachait ; puis, il m’avoua que cette localité ne disposait d’aucun accueil social…

 

A ce moment-là, son assistante, Christina, vint avec les directives d’une chambre d’hôtel où nous pouvions passer la nuit. Elle me confia qu’aux pèlerins portant quelques intérêts pour ce lieu, elle essayait toujours de rendre l’impossible, possible. Si rien n’est impossible à Dieu, je crois qu’Il avait largement agit à travers elle !


En ce 23 octobre au matin, sous un soleil frisquet, nous partions donc à la recherche de cette église… avec tout notre désir de pouvoir rencontrer cette communauté catholique afin de partager avec elle la célébration de la messe du dimanche… et, pour cela, être hébergés cette nuit...

 

Espérance, tu nous fais vivre…

message personnel

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